Les débats étaient européens ce matin aux rencontres du Cercle des économistes à Aix-en-Provence. Et il y avait du beau monde. Parmi les invités, on notait ainsi la présence de Pierre Moscovici et Olli Rehn, venus participer aux tables rondes.
Lors du débat consacré aux « sociétés européennes à l’épreuve de l’Europe », Pierre Moscovici n’a pas hésité à remercier le commissaire Olli Rehn, en charge des questions économiques et monétaire, d’avoir bien voulu « accorder » à la France un délai de deux années supplémentaires pour le rétablissement de ses comptes publics.
C’était la moindre des choses figurez-vous, histoire d’illustrer avec brio la volonté de rendre plus démocratique la gouvernance de la zone euro. Car oui j’vous l’assure, le mot « démocratie » a bien du être prononcé une bonne cinquantaine de fois ce matin.
Les sociétés européennes à l’épreuve [de la démocratie]
Démocratie: pouvoir du peuple [lequel élit des représentants, qui assure une légimité au gouvernement, ce dernier s’assurant de ne pas contrarier les vues de personnalités nommées, etc etc].
Ce remerciement ne pouvait que conforter mon sentiment que, malgré les pouvoirs de coordination économiques confiés au Conseil de l’Union européenne par les Traités, ceux-ci sont en réalité exercés par la seule Commission européenne.
De même, la récente approbation des recommandations des commissaires par les ministres des finances et les chefs d’Etats, sans modification majeure, interroge grandement l’idée selon laquelle les gouvernements formeraient ensemble un « gouvernement économique européen ».
Aucun citoyen, qui entend régulièrement dire que les dirigeants européens se disputent sur les questions de croissance, ne peut comprendre qu’une simple demi-journée, sans débat, puisse suffire à approuver des recommandations économiques.
C’est incompréhensible et c’est inquiètant. Car si les parlementaires nationaux ont, sans même s’en rendre compte, délégué à leur exécutif la coordination des politiques économiques, la fonction est en réalité exercée par des commissaires sur lesquels ils n’ont aucune prise directe.
Les choses ne semblent pas aller en s’améliorant
Deux propositions ont été formulées ce matin par le ministre des finances français: la mise en place d’une commission dédiée à la zone euro au sein du Parlement européen et la création d’un poste de « ministre européen des finances ».
Ce dernier, selon la préférence de Pierre Moscovici, pourrait fusionner les postes de Président de l’eurogroupe et de Commissaire en charge des questions économiques et monétaires.
Bref, un responsable des finances de la zone euro, choisi par les gouvernements, afin que ces derniers se déchargent toujours un peu plus des missions qui leur sont confiées par les Traités.
Il faut que la zone euro « soit beaucoup plus visible, qu’on ne voit pas 17 ministres qui se réunissent la nuit«
Pierre Moscovici
La création d’un tel poste pourrait intervenir à l’occasion du renouvellement de la Commission européenne, juste après les élections des eurodéputés, en 2014, a proposé Pierre Moscovici.
Dans leur contribution pour le renforcement de la compétitivité et de la croissance en Europe, publiée le 30 mai dernier, Angela Merkel et François Hollande ont également appuyés ces deux propositions, considérant « que ce sont des mesures à prendre dans les deux ans à venir ».
Dans cette nouvelle gouvernance économique européenne, le gouvernement des ministres des finances semblent relégué à une simple chambre d’enregistrement des visées de la Commission. Les Parlements nationaux, qui assurent pourtant la légimité des ministres, ne sont quant à eux même plus sollicités.
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